septembre 6, 2022

Le Blog de Soma Yoga : Fascia & neurosciences pour une pratique écologique.

CETTE BLESSURE M'A FAIT CHANGER DE PARADIGME !

Aujourd'hui, je viens vous parler de quelque-chose d'un peu plus personnel. J'ai souvent parlé de mon parcours sur différents supports. Et la hernie discale L5-S1 dont je vais vous parler est en quelque sorte le point de bascule de cette histoire.

C'est donc l'occasion d'évoquer la résilience, le vivant et de la difficulté à apprendre de ses erreurs.

Je remercie chaleureusement Muriel du site Adapter son Yoga qui publiera très prochainement un article sur son blog qui sera une compilation de témoignages pros ou plus persos sur le sujet des blessures et auquel j'ai l'honneur de participer. 

D'ailleurs à l'époque où je souffrais de sciatiques à répétition, j'aurais adoré pouvoir lire quelqu'un qui me souligne la différence entre étirement et relâchement pour me soulager.

Donc si vous êtes dans ce cas en ce moment : Allez lire l'article de Muriel sur le piriforme !

Pourquoi je me suis blessé ?

La question de l'origine de la douleur est totalement légitime, elle permet de donner du sens, elle rassure le psychisme.

Pourtant, je constate que la recherche de la cause peut-être un élément bloquant dans le processus de guérison... 

Pour la simple raison qu'il est parfois difficile d'identifier une cause unique dans un organisme complexe comme l'être humain et que chaque corps peut réagir différemment.

Je m'explique.

Au niveau mécanique, il est utile de comprendre qu'un tissu en comprime un autre, comme dans le cas de mon disque intervertébral qui titillait mon nerf sciatique.

En ce qui me concerne, j'ai fait beaucoup de musculation et de sport de combat et j'avais tendance à privilégier la quantité à la qualité.

C'est donc logiquement qu'en devenant plus sédentaire, plus vieux, tout en voulant réaliser les mêmes performances qu'un jour ma hanche droite se soit totalement figée lors de la réalisation d'un soulevé de terre à la salle de sport.

Après examen, le verdict : Hernie discale.

J'ai finalement su assez rapidement "pourquoi" j'avais mal...En tant que coach sportif, j'avais même une vision assez fine de la biomécanique de cette zone et de comment la soulager.

Et l'intensification de ma pratique des postures de Yoga s'est faite pour ces raisons là.

Kapotasana pour étirer le piriforme, anjayenasana pour le psoas, paschimottanasana pour les ischios et la chaîne postérieure en général peuvent être de précieuses aides pour libérer cet espace sacro-lombaire.

Malgré ça, et malgré le parcours médical qui a suivi diagnostic, je n'ai pas eu d'amélioration durable dans les 2 ans qui ont suivi.

Pourquoi ? Parce-que mon problème était plus complexe que la seule mécanique et que l'on ne peut pas résoudre un problème avec le niveau de complexité qui l'a crée.

Selon le yoga traditionnel, nous évoluons dans un champ de conscience qui nous dépasse , nous entraîne et qui tend à nous faire évoluer (même si on ne veut pas...).

Le pourquoi profond de ma douleur et de ma privation de mouvement c'était d'apprendre quelque-chose et de changer de paradigme. 

Transformer non pas ce que je faisais mais la manière et l'espace intérieur depuis lequel je le faisais.

Et je radote, pour ceux qui n'ont pas le temps de lire mon article sur le sujet : La plupart des humains n'évoluent en profondeur qu'au pied du mur.

Ce qui m'a permis d'aller de mieux en mieux.

Il y a eu d'abord ce temps d'introspection forcé. 

Accepter que tout coach et formateur en anatomie que j'étais, je ne l'avais pas vu venir...accepter que je ne pouvais pas tout faire...

Principalement, comprendre que pour combler pendant toutes ces années un besoin de puissance et de reconnaissance, j'avais compensé mon manque de discipline (s'entrainer intelligemment) en me maltraitant physiquement.

Un très gros morceau !

Mais après avoir digéré tout ça, il s'est passé quelque-chose de vraiment libérateur. J'ai enfin pu sortir de mes croyances, c'est à dire m'ouvrir à des perspectives de plus en plus vastes.

PHYSIQUEMENT : Transformer ma manière de bouger.

Le 1er niveau d'ouverture m'a très rapidement conduit vers le fascia. Jusque là j'avais étudié le corps comme un assemblage d'éléments distincts... Là, je m'ouvrais à l'interdépendance et à l'aspect organique.

Je découvrais un tissu qui reliait toutes les parties du corps jusqu'au plus profond des cellules ( Les matrices extra et intra-cellulaires telles que décrites entre autres par Thomas Myers d'Anatomy Trains)

Cela a permis à des enseignements vus dans les textes du Yoga traditionnels ou lors de mes séjours en Chine pour étudier les arts martiaux de commencer à faire sens.

Mon rapport au concept de force a changé.

J'avais traduit des consignes comme "Utiliser le corps unifié", très présentes dans les pratiques chinoises par "Être un bloc bien compact !" et j'avais réussi !

En découvrant la biotenségrité, je comprenais l'erreur de traduction, il s'agissait en fait de bouger de manière reliée et fluide pour répartir sa masse.

J'ai pris conscience qu'il n'y a pas de force sans une vulnérabilité assumée.

J'ai également fait l'expérience des phénomènes posturaux réflexes, les compensations pour maintenir par exemple l'horizontalité du regard, ou ancrer des schémas moteurs.

Cela a induit des sentiments plus respectueux envers mon corps qui est en fait naturellement conçu pour rester fonctionnel et me rendre service.

J'ai pu redéfinir pour moi même la notion d'alignement : C'est la condition d'un corps qui laisse circuler l'énergie et qui assure une continuité avec la respiration.

EMOTIONNELLEMENT : Sentir mon corps.

Pour citer Arnold Schwarzenegger dans Terminator : " La douleur n'est qu'une information."

Oui j'ai des références hautement philosophiques !

Cette phrase reflète typiquement ce que je vivais. J'avais mal, j'avais des sensations d'épuisement...mais j'y allais quand même. Malgré mon niveau sportif mon corps n'était pas habité.

Je passais en force sur les signaux de mon corps et de mon âme.

Là aussi, en découvrant la richesse en récepteurs proprioceptifs ( les organes de la sensation corporelle) du tissu fascial, et à la lumière de l'enseignement traditionnel, j'ai dû admettre que les sensations, et par extension les émotions étaient de bien meilleurs guides vers une gestuelle plus juste.

Et pour cela, il m'a fallu  d'abord expérimenter l'immobilité. Lorsqu'on ne bouge pas, il n'y a que la sensation du corps.

Dans cette immobilité, j'ai appris à m'écouter et à sentir et reconnaître ce qui me faisait réagir. C'est un long chemin qui est loin d'être terminé...

Mais aujourd'hui, j'écoute mon corps. De là à devenir bienveillant avec lui, il n'y a qu'un pas.

MENTALEMENT : Observer mon fonctionnement.

Lorsqu'on est immobilisé, on a tout le loisir de réfléchir, de penser...de ruminer et de méditer.

Les neurosciences nous apprennent que le but d'un système nerveux est l'action. Corollaire : Toute pensée, image ou idée génère au mieux un mouvement, au pire une tension.

Et sans entraînement particulier tout cela fonctionne en automatique.

Résultat, lorsqu'on est blessé, nous ajoutons inconsciemment de la souffrance à la douleur avec par exemple un discours intérieur dévalorisant qui va induire des tensions musculaires.

Dans mon cas cela disait grossièrement : "Tu es faible." . Et ça me faisait inconsciemment serrer les dents et rentrer la tête dans les épaules.

Et ce n'est pas nécessaire.

La méditation d'observation consiste à regarder ses pensées et leur matérialisations émotionnelles et physiques.

C'était un sujet que j'avais déjà étudié intellectuellement. Cependant, écouter son propre bavardage intérieur n'est pas une mince affaire.


Sans prétendre à la transcendance, c'est se donner le véritable pouvoir sur sa vie et son bien-être que de discerner que la plupart des pensées automatiques et habituelles qui s'incarnent en tensions n'ont rien à voir avec ce que nous sommes profondément...

Silencieux.

3 questions à se poser lorsqu'on souffre d'une blessure.

1. Pouvez-vous bouger telle ou telle ligne myofasciale ( A condition de les avoir identifiées)? 

2. Y a-t-il une rupture de sensation, une discontinuité ou une douleur sur une portion? 

3. Quelle pensée amplifie ou atténue mes tensions physiques sur les chaînes identifiées en dérangeant ma quiétude?

Ces 3 questions amènent toute vers un "comment" : Comment rétablir une mobilité, une sensitivité et une clarté mentale intégrée.

Je me propose de vous aider à aider vos élèves ou vous-même à explorer ces questions à la lumière des données scientifiques sur le fascia et le système nerveux et des données empiriques des disciplines traditionnelles dans les ateliers et formations.

Parce-que nos corps sont tout autant des messagers que des serviteurs dévoués. Parce-que la nature a crée cette merveille de sensibilité et de puissance. Parce-que nous commençons à peine à découvrir la complexité de notre fonctionnement.

Nous avons tous accès à cet espace de gratitude et d'humilité qui personnellement a participé tout autant que tout ce que je viens d'écrire à mon mieux être.

Puissions-nous tous apprendre de nos blessures.

Namaste.

Cet article vous a plu ? Aidez-moi à faire connaître mon travail.

A bientôt.

Sébastien



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